Soumis par Yves Talfer le mer, 19/03/2014 - 10:19

Chantal SALLES

mer, 02/04/2014 - 16:50

Je comprends bien le gascon, bien que je ne le parle pas. Je me suis un peu fait aider par ma famille , mes parents qui ont 90 ans et dont c'est la première langue. Nous avons tous été surpris par le fait que, 300 ans plus tard, il ressemble énormément  au gascon que nous connaissons . Un seul passage nous a posé un problème (le "quaqo se h...) et a été résolu par un professeur de gascon, connaissance de mon frère. 

Donc voici le résultat:

Simoniaques, tous confidentiaires, magiciens et magiciennes, sorciers et sorcières, devins et devineresses, ceux qui par ligature, ou sortilège, de quelque manière que cela se fasse,  empêchent l'usage et la consommation du mariage, ceux qui refusent de payer les dîmes selon l'ancienne coutume, ceux qui usurpent ou retiennent les biens de l'église, ceux qui portent les mains violentes sur un chapelain ou sur un clerc qui vit cléricalement, toutes ces personnes demeureront maudites et excommuniées jusqu'à ce qu'elles viennent à la pénitence et soient absoutes par l'église;  et comme les choses saintes ne doivent pas être communiquées aux indignes, nous commandons à tous les excommuniés de sortir immédiatement de ce lieu, et de ne pas assister aux saints mystères.

En ce qui concerne l'ancien mot "confidentiaires", voir la définition de la confidence:

http://fr.wikisource.org/wiki/L’Encyclopédie/1re_édition/CONFIDENCE 

Vous aviez donc bien saisi une grande partie du sens de ce texte, et je me demande aussi qui pouvait être concerné, à part peut-être quelque jeteur de sort ou rebouteux, mais en ce qui concerne le trafic d'objets sacrés ou de bénéfices ecclésiastiques, j'ai des doutes. 

 

Merci Chantal pour votre expertise et l'éclairage que vous apportez à ce texte un peu étrange. Transmettez également nos remerciements à tous les "collaborateurs" que vous avez su intéresser et qui n'auront pas souvent à traduire de tels documents du 18ème siècle !

Dans le registre E Sup 520 des BMS de Perchède, annexe du Houga, on trouve entre les actes de 1717 et 1718 (cliché n° 135/148 pour les utilisateurs de VISAGe) ce texte étonnant, véritable charabia mêlant le Français et le Gascon, probablement destiné à être prononcé en chaire :

Je comprends ce texte de la façon suivante :

"Simoniaques, tous confidencieres, magiciens et magiciennes, sourciers et sourcieres, divins et divineresses, tous qui par ligature, ou sortiletges, de quigne manière quaquose ha... empachen l'usatge et consommation deu mar... (de quelque manière qu'à cause ? empêchent l'usage et la consommation du ?) lous qui refusen de paga las demnes selon l'ancienne coustume (ceux qui refusent de payer les dîmes selon l'ancienne coûtume), tous qui usurpen ou retenguen lous bens de lagleize (tous qui usurpent ou retiennent les biens de l'Eglise), lous qui bo... las mans violentes sur un caperan ou sur un clerc qui vieu clericalament (ceux qui portent les mains violentes sur un chapelain ou sur un clerc qui vit cléricalement), toutes acques personnes demoureran maudites et excommuniades (toutes ces personnes demeureront maudites et excommuniées), dinquo benguem a penitencie et sien absous per l'agleize (?... sans absolution par l'Eglise) ; et dautant que causes saintes nou deven pas esta commu... aux indignes (et comme les choses saintes de doivent pas être communiquées aux indignes), que commendam à tous excommuniats de sourti presentement d'aqueste loc, en de n'assista pas aux sancts misteres (qui commandent à tous les excommuniés de sortir immédiatement de ce lieu, et de ne pas assister aux saints mystères)."

La simonie était le péché commis dans le commerce des objets sacrés, le terme "confidencieres" désigne peut-être les membres de sociétés secrètes (les Francs-Maçons ?), "sourciers et sourcieres" désigne bien sûr les sorciers et sorcières, "divins et divineresses" sont les devins qui prétendent dire l'avenir (astrologues et chiromanciennes), mais après ces termes faciles à interprêter la suite est plus obscure. Mais la conclusion est évidente : toute cette racaille est excommuniée et doit immédiatement sortir de l'église du village ! Nous sommes à l'époque de la Régence, période connue pour le relâchement des moeurs après la mort de Louis XIV et pour la réaction de l'Eglise, mais celle du curé de Perchède (est-il l'auteur de cette malédiction ou se contente-t-il de la recopier ?) semble un peu disproportionnée car sa paroisse ne contenait pas plus de 250 habitants, pauvres laboureurs ou artisans parmi lesquels il ne devait pas se trouver beaucoup de simoniaques ou autres impies.

Ma pratique du Gascon étant des plus sommaires, je cherche quelqu'un de plus compétant que moi pour améliorer mon essai de traduction.